Réforme du DPE 2026 : une bonne nouvelle… qui arrive un peu tard

Il arrive parfois qu’un simple chiffre fasse basculer un marché. Depuis des années, le coefficient de conversion de l’électricité utilisé dans le DPE, fixé à 2.3, dégradait la performance énergétique de nombreux logements chauffés électriquement, les faisant tomber dans la catégorie redoutée des passoires thermiques. Et voilà qu’à partir du 1er janvier 2026, ce chiffre sera enfin corrigé : il passera à 1.9, conformément à une directive européenne.

Un ajustement discret sur le papier, certes, mais aux conséquences considérables. Près de 850 000 logements classés F ou G devraient mécaniquement remonter d’une ou deux classes. C’est une excellente nouvelle… à un détail près : elle arrive avec un an de retard. Et comme souvent en immobilier, le bon timing est aussi important que le bon emplacement.

 
 

Un sujet que nous avions déjà soulevé

Il y a quelques jours, je publiais un article intitulé DPE : un outil en crise, un risque pour le logement, un défi pour la transition.
J’y analysais les biais techniques du DPE, ses effets contre-productifs et la fracture territoriale qu’il alimente. L’une des critiques majeures concernait le traitement de l’électricité française, pourtant massivement décarbonée, mais pénalisée par un coefficient dépassé.

La réforme de 2026 vient confirmer ce diagnostic. Le coefficient de 2.3, appliqué depuis 2006, ne reflétait plus la réalité énergétique française. Le corriger était devenu inévitable. Le faire plus tôt aurait été beaucoup plus utile.

 

Une correction bienvenue

En passant de 2.3 à 1.9, le gouvernement applique enfin une règle plus cohérente. La France produit son électricité à plus de 90 % sans émissions directes, principalement grâce au nucléaire et à l’hydroélectricité. Pourtant, le DPE continuait de traiter l’électricité comme si elle provenait d’un mix européen carboné.

Résultat : des logements sobres, bien isolés, étaient artificiellement déclassés. Cette réforme permettra de reclasser automatiquement près de 850 000 biens. Non pas grâce à des travaux, mais par un simple ajustement de formule.

Dans un marché déjà tendu, cette annonce est salutaire. Mais elle pose une question simple : pourquoi attendre 2026 ?

 

L’occasion manquée de la rentrée

Depuis janvier 2025, les logements classés G sont interdits à la location. Parmi eux, certains auraient pu retrouver une note correcte dès cette rentrée si la réforme avait été anticipée. C’est un manque à loger, en particulier pour les étudiants, dans un contexte de pénurie locative généralisée.

Le gouvernement évoque un nécessaire alignement avec l’Union européenne. Soit. Mais une mesure reconnue comme juste, appliquée trop tard, reste une mesure injuste pendant encore un an.

 

Une formule encore très imparfaite

Le coefficient de 1.9 est tiré d’une moyenne européenne, certes plus actuelle, mais toujours déconnectée de la réalité française. Et comme toute moyenne, elle masque les disparités. En électricité comme ailleurs, la moyenne ne fait pas la justesse.

La France affiche une intensité carbone de 35 à 60 g CO₂/kWh. Le gaz dépasse 240, le fioul 300. Appliquer un même facteur de conversion à toute l’Europe, sans tenir compte des efforts nationaux, gommes les spécificités. Un DPE vraiment intelligent s’appuierait sur des valeurs nationales, ou mieux encore, sur les émissions réelles du logement.

 

Revenir à l’essentiel

Le DPE a été conçu pour informer, guider, inciter. En corrigeant un biais aussi lourd que celui du coefficient électrique, la réforme de 2026 répare une partie du problème. Mais elle ne règle pas tout.

Un diagnostic énergétique juste doit être compréhensible, fiable et adapté au terrain. Il doit aider, pas sanctionner. Il doit encourager, pas écarter.

Le DPE ne doit pas être un outil de disqualification. Il doit redevenir une boussole.

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